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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/112

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LA VIE DE FAMILLE

mademoiselle Lynch. Elle habite l’un des quartiers paisibles et fashionables de New-York. J’ai dit adieu pour un peu de temps à ces époux si purs de cœur, si heureux ensemble, et infiniment bons à mon égard. Je retournerai chez eux, c’est là que sera ma principale station, mon foyer, toutes les fois que je reviendrai dans ces parages ; c’est une convention faite en nous séparant.

Mardi j’ai dîné chez madame Kirkland, l’auteur d’un livre intéressant et bon, intitulé Un nouveau Foyer dans l’Ouest, et j’ai vu le soir soixante ou soixante-dix de ses amis, parmi lesquels se trouvait un habitant parfaitement bien du Wisconsin. Il m’a invitée à venir chez lui, et veut être mon cicerone dans cette partie du grand Occident. Madame Kirkland est une de ces femmes qu’on appelle « fortes ; » elle a beaucoup d’aplomb et en même temps une tendresse toute féminine sous le rapport de l’âme et du cœur. Bonne mère, bonne amie, bonne citoyenne, elle est de ces gens qui me plaisent et dont la nature m’attire. Son joli sourire et l’éclair de ses yeux bruns, lorsqu’elle s’anime, annoncent l’esprit qui vit dans son livre, mais sur lequel les malheurs et les peines de la vie semblent avoir ensuite jeté un voile. Mercredi, on m’a menée dans une académie de femmes appelée « l’Institut de Rutger, » du nom de son fondateur. J’y ai vu quatre cent cinquante jeunes filles, et plusieurs dispositions excellentes pour leur instruction et leur éducation. J’ai entendu lire, et on m’a donné à lire, quelques-unes des compositions en vers et en prose de ces jeunes filles, et je n’ai pu m’empêcher d’admirer la netteté des pensées, la perfection du langage, et en général le sentiment vif et agréable de la vie que l’on y trouve. Mais je n’y ai pas découvert de génie proprement dit, et me méfie du bien que peut produire la publi-