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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/115

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

« De pareilles fêtes ruinent, » dit le proverbe. Dans l’intervalle, mon temps est pris par des visites, des billets, des lettres, des invitations, des demandes d’autographes, de sorte qu’il ne m’en reste pas pour moi. Ce matin, j’ai reçu la visite d’un petit médecin de femme (c’est-à-dire d’une femme qui exerce la médecine), mademoiselle Hunt ; elle habite Boston, m’a offert sa maison, en ajoutant que je devais accepter, et n’a pas voulu me lâcher que j’eusse fait la promesse d’aller chez elle. Mademoiselle Hunt avait une animation si coulante, un enjouement si irrésistible, que nous, c’est-à-dire elle, la société et moi, nous éclations de rire à chaque instant. Ce qu’elle disait était en même temps si bon, d’une raison si vraie, je découvrais tant de cœur dans cette petite et vive personne, qu’il me fut impossible de ne point promettre ce qu’elle demandait. Une femme, aussi paisible que mademoiselle Hunt était remuante, l’accompagnait. C’était un professeur-femme de phrénologie. Je la soupçonnais de vouloir s’emparer de ma tête, déjà suffisamment attaquée par le tourbillon de la vie de société. J’ai passé la matinée à faire des visites avec madame Kirkland, et a six heures je dîne chez M. Habicht, — notre consul suédois de New-York ; il est fort bien, très-poli, mais il dîne furieusement tard. Demain je serai enlevée par une madame Laurence (elle est d’une vivacité effrayante), pour aller à sa campagne sur l’Hudson ; elle me ramènera samedi pour voir une foule de gens chez mademoiselle Lynch. Tous mes jours sont pris constamment.

Dimanche, 18 novembre.

Voici un instant pour causer avec toi avant le service divin. Tout ce que j’ai la force de faire est remarquable, en vérité ; aussi je commence à avoir de l’estime pour