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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/120

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LA VIE DE FAMILLE

mauvaise route. La fatigue me rendait silencieuse et patiente. Nous parcourûmes ainsi la campagne, le rivage ; puis nous rentrâmes pour dîner, voir du monde, écrire des autographes, etc., etc., et nous retournâmes, en courant, à New-York, où les Downing devaient venir me voir et assister à une grande soirée chez mademoiselle Lynch. Mes amis étaient déjà dans le petit salon de la jeune muse lorsque j’arrivai. Je fus si enchantée de les rencontrer, de pouvoir me donner un peu carrière en liberté avec eux, que je me sentis tout à coup reposée. Si tu m’avais vue un peu plus tard dans cette réunion d’environ cent personnes, tu n’aurais pas deviné qu’une couple d’heures auparavant j’étais fatiguée, désolée, épuisée. Le plaisir de revoir les Downing et diverses gracieusetés fort aimables me remirent. M. Downing était si bien ce soir-là, qu’il attirait l’attention générale par son extérieur distingué en allant et venant dans cette foule avec son air grave, ses yeux profondément expressifs, ses manières moitié timides, moitié fières. La réunion chez mademoiselle Lynch était remarquablement jolie ; j’ai vu parmi les femmes quelques toilettes et tailles magnifiques. Les hommes, en général, ne sont pas bien de visage, mais ils ont l’air mâle, de beaux fronts, des yeux limpides, des manières décidées et fermes. Mademoiselle Lynch en toilette blanche, élégante quoique modeste, qui allait merveilleusement à sa personne, et une fleur blanche sur sa jolie tête sans art et dégagée, était l’une des personnes les plus agréables de cette soirée. Elle voltigeait avec la légèreté d’un papillon, présentait les gens les uns aux autres, se mêlait de la conversation avec grâce, en la semant de ces expressions, de ces mots heureux qu’on ne trouve jamais, tel soin qu’on mette à leur recherche, tandis que, chez certaines person-