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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/144

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LA VIE DE FAMILLE

semée d’épines, finira par s’y rendre sur des roses, etc., etc. Divers plans fort agréables pour la création de cette route ont été présentés, mais ils m’ont paru se distinguer par un défaut de base établie dans la possibilité et la nature réelle de l’homme, dont, en général, les socialistes me semblent perdre de vue le dualisme. C’est le mauvais côté de leur idée, ils ne le voient pas et croient que les établissements palpables suffisent pour que tout aille bien dans ce monde. Pendant leurs discussions il m’a semblé que je marchais dans les nuages, ou bien que j’errais dans une grande forêt dont je ne trouvais pas les issues. Il ne faut point, cependant, méconnaître le côté humanitaire de leurs théories et de leurs efforts en faveur des hommes.

Benzon, le consul suédois à Boston, qui était avec nous, m’a offert, par l’intermédiaire de Rebecca, sa maison pour l’hiver ; cette proposition m’a été agréable, mais j’ignore si je pourrai l’accepter. Elle a été faite d’une manière fort gracieuse et amicale. Je suis complétement impatientée par les coups incessants frappés à ma porte, par la nécessité de crier : « Entrez ! » quand je voudrais crier, « Allez-vous-en ! » par les cartes de visite, les lettres. Hélas ! hélas ! je suis bien fatiguée de ces compliments de bienvenue qui ne me laissent jamais un instant de paix. Je n’ai encore reçu personne ici, mais j’ai dit que je serais chez moi ce soir. Demain j’irai à Cambridge. Un horrible assassinat vient d’être commis, un professeur en a tué un autre ; toute l’Université et la ville en sont émus. C’est un événement inouï, dit-on ; mais l’accusé ayant beaucoup de connaissances et d’amis, étant connu comme bon époux et surtout bon père, beaucoup de gens assurent qu’il est innocent. On l’a arrêté. À peine si l’on parle d’autre chose dans ce moment.