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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/164

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LA VIE DE FAMILLE

seur Asa Gray, qui m’a apporté un bouquet de violettes odoriférantes ; il m’a aussi donné quelques exemplaires, pris dans son herbier, de la linnea borealis américaine ; elle ressemble à la nôtre, mais elle est beaucoup plus petite et ses feuilles me paraissent différentes. Et moi qui me proposait de tant botaniser dans ce pays !

Downing m’a envoyé l’autre jour un énorme panier rempli des plus magnifiques pommes, aussi bonnes que jolies, et j’ai eu la satisfaction d’en régaler mes amis. Les Downing et les Spring sont d’une bonté sans exemple pour moi.

Parmi mes curiosités de Cambridge, je place l’invitation reçue un soir pour venir me promener dans le paradis avec Adam et Ève. Le monsieur qui m’a fait cette invitation, d’abord par écrit, ensuite verbalement (il monte, je crois, une espèce de cabinet de figures en cire), m’a donné à entendre que plusieurs membres de l’Académie devaient se trouver chez lui pour faire ma connaissance dans le paradis avec notre premier père. Tu devines que j’ai répondu : « Belle société ! »

Cambridge est une jolie petite ville, composée de petites maisons blanches avec de petites cours, de petits jardins et de beaux et grands arbres, — le tout rangé, orné, mais avec uniformité. À la longue, je pourrais être tentée d’y chanter : « La monotonie aigrit la vie, la variété embellit toute notre nature[1]. » Cinq cents étudiants environ suivent annuellement les cours de l’université. Elle a été fon-

  1. Ici également on m’a montré plusieurs maisons fort bien bâties, dont l’une appartenait à un maçon, la seconde a un menuisier, la troisième a un charpentier, ce qui semblerait prouver qu’en général les travaux grossiers donnent ici la faculté d’acquérir maisons et honneurs.
    ( Note de l’Auteur. )