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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/172

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LA VIE DE FAMILLE

Bergfalk est retourné a New-York ; nous nous rencontrerons probablement peu à l’avenir ; ses voies ne sont pas les miennes, excepté à l’égard de notre but commun, — la Suède.

LETTRE IX


Boston, 22 janvier 1850.

Je vais, chère Agathe, causer un moment avec toi, puis envoyer ce bavardage à la poste. Il m’est impossible de comprendre comment j’ai pu passer quinze jours entiers sans t’écrire ; mais une chose succède à l’autre, le temps est pris et s’écoule. Ensuite, j’ai été un peu souffrante, et j’ai manqué de force pour m’occuper. Les bons allopathes d’ici (je suis soignée par l’un des meilleurs médecins de Boston) n’ont pas mis le doigt sur mon mal, et je me suis réfugiée vers l’homœopathie.

Quoique fort mal à mon aise, j’ai visité divers établissements publics, accompagnée, ou, pour mieux dire, conduite par Charles Sumner. D’abord la maison de correction pour femmes, où elles sont sous la surveillance et la direction de dames respectables. J’ai admiré l’ordre qui règne partout. Ensuite, nous sommes allés dans une maison pour les aliénés pauvres. C’était bien et proprement tenu ; mais, hélas ! que c’était pauvre sous le rapport de la beauté et du comfort qui distinguent la maison des fous aisés à Blumingdale. Une femme se prit d’une violente amitié pour moi, me serra dans ses bras, me bénit constamment, demanda aux autres de l’imiter, et ajouta en s’adressant à M. Sumner : « Dites : Dieu la bénisse ! » Mon