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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/18

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LA VIE DE FAMILLE

de voir tout ce qu’il y avait à voir avant de m’embarquer. Je voulais connaître un peu l’Angleterre et surtout Londres, pour mieux juger de l’Amérique et de New-York et ne pas être trop abasourdie par cette dernière ville. Je voulais connaître la mère avant de faire connaissance avec la fille, afin d’avoir des points de comparaison qui pussent m’aider à distinguer convenablement les types originaux. Je savais que la Suède et Stockholm sont d’une autre famille que les villes et les provinces anglaises sous le rapport du peuple, des mœurs, des constructions, etc., etc. Mais les premiers habitants européens de l’Amérique du Nord, ses lois, son caractère lui venant de l’Angleterre, je devais m’appuyer sur le vieux monde anglais pour juger le nouveau. C’est pourquoi je suis allée d’abord en Angleterre, et c’est par l’Angleterre que je reviendrai, s’il plaît à Dieu, après avoir accompli mon pèlerinage au delà de l’Océan ; j’en aurai ainsi une idée plus prononcée avant de retourner chez moi. Je sais donc quel air a Londres et ne me laisserai pas éblouir par New-York.

Aujourd’hui dimanche… ce jour a été véritablement férié pour moi. Nous avons eu service divin à bord ; il a été bon et beau. Tous les passagers, au nombre de soixante et quelques, ainsi que l’équipage en habits de fêtes, étaient réunis dans le grand salon sur le pont. Le capitaine, militaire actif, de bonne mine, jeune encore, a lu, et parfaitement, le sermon et les prières. Toute l’assemblée s’unissait à celles-ci et aux répons, comme cela se pratique dans l’église épiscopale anglaise. Le soleil brillait sur cette réunion bigarrée d’individus balancés sur les flots, et venus de bien des contrées de la terre. La pensée que j’étais complétement seule, sans compatriotes, ni parents, ni amis au milieu de gens avec lesquels, cependant, je m’unissais profondément