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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/206

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LA VIE DE FAMILLE

compagne toujours et lui sert d’interprète, si elle était heureuse. Elle répondit avec vivacité, et en essayant de produire des sons, pour exprimer qu’elle l’était infiniment. Laura est, dit-on, presque toujours gaie. La tendresse et l’attention constante dont elle est l’objet l’empêchent de se méfier de ses semblables, et lui font passer une vie d’amour et de confiance. Le docteur Howe, l’une de ces figures sombres dont Alcott veut nous débarrasser comme étant des princes de la nuit, c’est-à-dire qui ont le teint, les yeux bruns, les cheveux noirs, et un visage magnifique, plein d’énergie, est généralement connu pour son amour ardent de l’humanité. Il l’a poussé à combattre pour la liberté de la Grèce, de la Pologne, et enfin à se charger des êtres captifs sous le rapport des sens et du corps. — Son individualité me rend sa connaissance précieuse ; cependant je n’ai guère l’occasion de jouir de sa société. Il me paraît souffrir comme moi de la force surexcitante du climat et de la nourriture de ce pays. Sa femme est des plus charmantes, richement douée par la nature, instruite et d’un naturel plein de fraîcheur. Deux jolies petites filles roses et blanches, fraîches et belles comme les gouttes de la rosée, entrèrent à la fin du dîner, grimpèrent en le caressant autour de leur père. J’ai regretté de n’avoir pu montrer ce tableau à Alcott.

Je compte rester ici quinze jours encore. Mais je ne deviendrai pas riche dans ce pays ; car je n’ai ni le temps ni l’envie d’écrire. Grâce à l’hospitalité américaine, mon voyage sera loin d’être aussi coûteux que je m’y attendais : si je laissais faire quelques-uns de mes amis, il ne me coûterait absolument rien, je vivrais et voyagerais aux frais du peuple américain. Ce serait trop.

Le temps est affreux aujourd’hui : pluie battante et grand