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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/212

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LA VIE DE FAMILLE

née la plus sujette aux tempêtes. Après soixante-trois jours d’une navigation dangereuse, les pèlerins virent le rivage du Nouveau-Monde, et Fleur-de-Mai jeta l’ancre dans un port du Massachusett.

Avant de descendre à terre, et tandis que Fleur-de-Mai repose encore sur les flots de l’abîme, ceux qui montent ce navire se réunissent pour décider la forme de gouvernement qu’ils vont adopter. Ils se forment de plein gré en corporation politique, et dressent l’acte suivant :

« Au nom de Dieu, amen. Nous, soussignés, etc., etc., ayant entrepris pour la gloire de Dieu et la propagation du royaume de Jésus-Christ, ainsi qu’en l’honneur de notre roi et de notre pays, de fonder la première colonie des vallées septentrionales de la Virginie ; nous déclarons ici solennellement, et réciproquement en présence de Dieu et de chacun de nous, que nous nous réunissons pour former un corps politique civil, afin de maintenir l’ordre parmi nous, de conserver et développer le but susnommé. En vertu de quoi nous ferons, nous promulguerons des lois, des ordonnances ; nous créerons une justice égale pour tous, et successivement les fonctions et les établissements que l’on croira les meilleurs pour accroître le bien-être général de la colonie, et nous leur promettons notre soumission et notre obéissance. »

Ce document est signé par tous les hommes de la compagnie, au nombre de quarante et un. C’est donc dans la cabine de Fleur-de-Mai que fut écrite la constitution la plus démocratique que le monde ait encore vue. La société démocratique et le peuple se gouvernant lui-même débarquèrent complétement organisée sur le rivage du Nouveau-Monde. Comme Abraham, les pèlerins étaient partis à l’appel de Dieu pour une contrée qu’ils ne connaissaient