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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/241

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

marquablement jolies. Ensuite on me mena en voiture fermée et sur une neige craquante (il y avait ce jour-là dix-sept degrés de froid) voir la ville et ses environs. Sa position est agréable sur le bord de la fraîche et mugissante Merrimack (l’eau riante), et des hauteurs la vue s’étend jusqu’aux montagnes Blanches, dans le New-Hampshire ; leurs cimes, couvertes de neige, s’élèvent au-dessus de toutes les montagnes visibles. Cette perspective est grande, magnifique. La ville, fondée il y a trente et quelques années par l’aïeul de James Lowell avec quelques centaines d’habitants, en renferme maintenant trente mille ; le nombre des maisons s’est accru en proportion. On attache beaucoup d’importance au caractère des jeunes ouvrières quand on les prend pour la fabrique, et à leur conduite pendant qu’elles y sont. On m’a bien parlé d’un enlèvement par-ci par-là ; mais la vie de travail est plus puissante ici que la vie de roman ; elle existe cependant dans le cœur et la tête des jeunes filles : ce serait mal s’il en était autrement. Celles qui sont laborieuses et capables peuvent gagner de six à huit dollars par semaine : aucune n’en reçoit moins de trois. La plupart amassent de l’argent, peuvent quitter la fabrique au bout de quelques années, et entreprendre un travail moins fatigant. Le soir, je suis retournée à Boston, par le chemin de fer, accompagnée par M. Wachenfelt, qui paraît fort aimé des habitants de Lowell.

Cette excursion m’a fait perdre, et je le regrette fort, la lecture de Macbeth par madame Kemble. Les journaux contenaient, ce soir-là, des récits détaillés sur l’instruction juridique relative à l’assassinat de Parkman ; ces détails sinistres avaient agi sur l’imagination de madame Kemble, qui en convint, de sorte qu’elle a donné à sa lecture du