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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/243

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

née, de sa position, de la triste perspective qui se développait devant elle, etc., qu’après le sermon toute la paroisse se leva comme un seul homme, et apporta à la veuve des dons qui la mirent sur le champ au-dessus de la misère. En vérité, nos prêtres qui lisent leurs sermons froidement moralisant, devraient apprendre du père Taylor comment on touche et entraîne les âmes. Je lui fus présentée, ainsi qu’à sa femme, au cœur chaud aussi bien que lui. Il a environ soixante ans, une physionomie animée, expressive au plus haut degré, un visage couvert de rides profondes. Le père Taylor répondit à nos remercîments de son sermon : « Ah ! c’est fini, c’est fini de moi, je suis complétement brisé, et obligé de me monter pour faire sortir un peu de vapeur. C’est passé maintenant. » En parlant ainsi, il leva les yeux, et s’écria le regard étincelant : « Que vois-je ? O mon fils ! mon fils ! Et, les bras ouverts, il alla au-devant d’un jeune homme d’une taille presque gigantesque, au visage rayonnant, bien portant et bon, qui entrait dans l’église, et s’enferma dans les bras du père Taylor, puis dans ceux de sa femme, avec une grande affection. « Est-ce que tout est bien ici, mon fils ? demanda Taylor en se frappant sur la poitrine. Le cœur ne s’est pas endurci au contact de l’or ? » Et, en découvrant deux grosses larmes dans les yeux du jeune homme, il s’écria : « Ah ! je le vois, je le vois, tout va bien ! Dieu soit loué ! Que Dieu te bénisse, mon fils ! » Et ce furent de nouveaux embrassements. L’adolescent était un jeune marin, parent en esprit seulement du père Taylor ; saisi par la « fièvre de Californie, » il était allé au pays de l’or, et revenait après une année d’absence, avec ou sans or, je l’ignore ; mais il était évident que le cœur n’avait point perdu sa santé. On m’a beaucoup parlé de la bonté, de la libéralité du père Taylor et de sa