Aller au contenu

Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

L’une de mes premières visites en Amérique sera pour les quakers ; leur religion ordonne d’être brave envers les animaux.

Moi aussi, j’ai été une fois cruelle ; c’est à l’époque où je ne comprenais pas la souffrance et ce que sont les animaux. La première leçon d’humanité envers eux m’a été donnée par un jeune et brave militaire, qui a péri depuis de la mort des héros dans la guerre centre Napoléon. Je n’oublierai jamais le regard et les paroles de reproche qu’il m’adressa : « Pauvre vermisseau ! » Il y a plus de trente ans de cela…

Si ne t’en écris pas davantage cette fois, chère Agathe, sitôt arrivée à New-York, je reprendrai la plume. Avec quelle impatience j’espère trouver dans cette ville des nouvelles de la maison ! Il y a si longtemps que j’en suis privée !

Bien des pensées s’agitent en moi en approchant du but de mon voyage, pensées difficiles à exprimer. Que vais-je voir ? — Je l’ignore. Mais ce sera du neuf, j’apprendrai quelque chose de neuf ; « j’oublierai le passé et m’élancerai vers ce qui est devant moi. » J’ai besoin d’oublier, de me renouveler.

Des amis, je le sais, me recevront sur la terra étrangère ; l’un d’eux probablement viendra au-devant de moi sur le rivage. Ce sera doux.

Bonne nuit ; je t’embrasse cordialement, ainsi que maman, et te charge de compliments affectueux pour parents et amis. Je serai dans le Nouveau-Monde comme dans l’ancien : tout à toi.