Aller au contenu

Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

rudesse. C’est un courageux et ardent champion de la jeune Amérique, trop bien doué et trop haut placé pour ne pas sentir très-nettement son moi, et même dans son sermon ce moi s’est mis un peu trop en évidence ; mais je sens de plus en plus l’immense intérêt qu’aura pour moi mon voyage dans « l’Ouest, » dont l’unique mot de ralliement paraît être croître. Là se développe un peuple nouveau, grand par la réunion de tous les peuples dans le sein d’une grande et puissante nature, qui, semblable à une mère vigoureuse, engendrera une humanité plus forte et plus élevée.

Je m’étais proposée d’aller à Philadelphie avec madame Kirkland, qui m’en avait fait la proposition, et ensuite avec Anne Lynch à Washington, pour assister au congrès et voir son lion. Mais je redoute tellement encore les fatigues de la vie de société, et suis si pressée d’aller dans le Sud pendant la saison la plus favorable (on dit qu’en mai la chaleur y est déjà très-forte), que, d’après le conseil de mes amis, j’ai décidé de prendre samedi le bateau à vapeur de Charleston. J’y serai en trois jours et probablement en plein été. Tout est encore couvert de neige ici. De là, je ferai des excursions en différents endroits où je suis invitée dans la Caroline et la Géorgie ; je passerai dans ce paradis de l’Amérique du Nord les mois de mars et avril. J’irai en mai à Washington, et, après un séjour d’une quinzaine, je reviendrai ici pour aller ensuite dans l’Ouest, à Cincinnati (Ohio), puis dans l’Illinois et le Wisconsin, où je veux voir mes compatriotes les Suédois et les Norwegiens qui y sont établis. J’irai ensuite par les grands lacs au Niagara, où j’ai donné rendez-vous à la fin de mai aux Downing et aux Lowell. Voilà ma feuille de route, et je suis certaine d’être accompagnée par la pensée