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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/293

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

ce sont de grands oiseaux (assez semblables à nos dindes), qui s’abattent ici pour chercher leur nourriture et sont si familiers, qu’ils se dérangent à peine pour les piétons. Une partie de ces oiseaux se tenaient sur les toits et les cheminées, leurs ailes éployées au vent, ce qui leur donnait un aspect singulier et beau.

Le 29 mars.

Froid, froid, froid encore aujourd’hui et d’une manière impardonnable. À cinq heures du matin j’ai entendu le tambour qui appelait les esclaves au travail. Hier après-dîner, des connaissances des États du Nord, qui demeurent dans cet hôtel, m’ont invitée à faire une promenade en voiture, et nous avons fait une agréable course au soleil. Aussi loin que la vue peut s’étendre, le pays est plat. De jolis bouquets de bois, des plantations, et de l’eau constituent sa beauté. La ville est bâtie sur le bord de la mer dans une presqu’île formée par deux rivières, l’Ashley et la Cooper qui s’y jette. Mes amis de la voiture achetèrent des oranges et des bananes pour moi, et c’est la première fois que j’ai goûté ce fruit du tropique (on l’apporte de Cuba), qu’on aime tant ici. Il a un goût fin, sucré, un peu fade et ressemble par la forme à nos concombres jaunes pour semence ; il a la couleur et la chair du melon, mais il est moins juteux. En le goûtant, il m’a semblé mordre dans du savon noir ; je ne crois pas que le banane et moi nous devenions fort bons amis. Mes amis quakers sont partis ce matin de bonne heure, pour aller plus au sud, à Savannah, afin de chercher à mettre la main sur un air d’été ; il faisait trop froid pour eux ici. Le mois de février a été, dit-on, très-chaud ; et le jasmin jaune qui a fleuri