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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/296

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LA VIE DE FAMILLE

son parler et de sa personne, rappelle nos Suédoises mariées. Aussi est-elle d’origine scandinave, son père était Danois. Elle a six enfants ; ses deux fils et sa fille aînée voyagent dans ce moment avec M. Howland.

Une autre famille agréable, c’est celle du docteur Gilman, prêtre de l’Église unitaire de Charleston ; sa femme, son gendre et ses filles sont venus me faire visite et se sont offerts pour me faire voir les îles et les jolis endroits des environs. La poste va partir. Que Dieu te bénisse, mon Agathe !

LETTRE XIII


Charleston, 12 avril 1850.

Je vois une beauté méridionale reposant mollement sur un lit de fleurs ondoyant, à l’ombre des nectaires, entourée d’esclaves prêts à la servir, apportant, au moindre signe fait par elle, les parures, les fruits les plus précieux de la terre. Mais sa beauté, l’éclat de ses yeux, la délicate rougeur de ses joues, la magnificence qui l’entoure, ne peuvent cacher son défaut de santé et de force ; le ver qui la ronge intérieurement. Cette beauté molle, fastueuse, c’est — la Caroline du Sud.

Et cependant elle est belle ; j’ai joui d’une manière inexprimable de sa beauté spéciale si riche, si suave, si nouvelle pour moi.

Je suis à Charleston depuis quinze jours, et, quoique le temps ait été presque toujours pluvieux (il l’est encore), il y a eu cependant des journées où j’aurais souhaité que la