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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/309

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

je veux d’abord te raconter comment se passe ma journée.

De bonne heure, le matin, Lettis, la servante au teint d’un noir brun, entre dans ma chambre avec une tasse de café ; une heure après, le petit Willis frappe à ma porte et vient me chercher pour déjeuner. Appuyée sur l’épaule de mon petit cavalier, et quelquefois marchant entre lui et la petite Laura, je descends au rez-de-chaussée, où se trouve la salle à manger. La famille y est réunie, madame Howland distribue café, thé, et une foule de bonnes choses ; car, ici comme dans le Nord, les déjeuners sont trop abondants. L’un des principaux mets du Sud, c’est le riz cuit à l’eau ; les grains, à peine gonflés, n’en sont pas moins tendres et d’un goût excellent. On le mange ordinairement avec du beurre frais et froid ; bien des gens y mêlent des œufs cuits à la coque. On sert en outre du lard et du poisson frit, des patates, du homouny, du pain de maïs, des œufs, du lait glacé, etc., etc. L’un des plats de fonds pour les déjeuners, dans le Sud, se compose de crêpes de sarrasin ou de blé, qu’on mange avec de la mélasse. C’est véritablement une surabondance de bonnes choses. Pendant tout le repas, un petit nègre ou une petite négresse se tient debout et chasse les mouches avec un balai de plumes de paon. Après le déjeuner, on va un peu sur la terrasse ; les enfants courent et se pourchassent dans le jardin ; deux petites négresses, Georgia et Atilla, enfants de Lettis, courent, sautent dans la maison et les escaliers avec la vivacité et l’adresse des lutins. Ensuite, je monte chez moi, on m’y laisse en paix toute la matinée. À midi madame Howland m’envoie mon second déjeuner, du pain, du beurre, un verre de lait glacé, des oranges et des bananes. Tu vois que je ne cours pas le danger de mourir de faim. On dîne à trois heures, et il y a de temps à autre