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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/344

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LA VIE DE FAMILLE

conversions qui proviennent de l’émotion du moment ont cela de bon, que l’individu ainsi converti s’attache ordinairement aux prêtres et à l’Église, devient membre de ce qu’on appelle une « classe, » où il reçoit une instruction régulière sur les vérités de la religion, y apprend les chants religieux, les prières, et devient souvent un bon chrétien, un membre rangé de la société.

Dans le « Grand-Ouest, » comme on dit ici, et partout où la société est encore non civilisée, ce sont les méthodistes et les baptistes qui commencent à défricher le terrain religieux, en agissant sur les sentiments et les sens des enfants de la nature. Ensuite viennent les calvinistes, les luthériens et autres qui parlent davantage à la raison. Les missionnaires rassemblent le peuple et lui parlent en plein air ; quand ils savent profiter de tout ce que le moment, la nature et la liberté de leur position leur met sous la main, ils produisent les plus grands effets ; on m’a raconté des choses remarquables sur leur capacité pour toucher la foule, et sur ce qu’il y a de contagieux dans l’exaltation qui surgit quelquefois. Ces « camps religieux » durent de trois à sept jours. Celui-ci devait être levé le lendemain, et l’on s’attendait que la nuit suivante il y aurait une foule de conversions. Cependant elles paraissent dépendre de circonstances imprévues, et surtout peut-être d’un prédicateur entraînant.

Nous passâmes encore quelques heures à voir les scènes matérielles et religieuses de ce camp, à nous promener dans la forêt, à botaniser. M. Richards a cueilli pour moi plusieurs plantes que je ne connaissais pas, entre autres une jolie petite fleur jaune appelée fleur de safran. À trois heures de l’après-midi nous reprîmes la route de Charleston avec un cortége de deux mille personnes assurément,