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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/36

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LA VIE DE FAMILLE

rappelait constamment les bords du Dal et de l’Angermanie[1] ; ils me paraissaient appartenir à la même formation ; mais ici la rivière était plus large, la nature plus grandiose, et les sombres nuages qui descendaient en pesantes draperies sur les eaux, le long des montagnes, s’harmonisaient magnifiquement avec les paysages d’une beauté sinistre à travers lesquels nous voguions rapidement ; ils présentaient à chaque coude des tableaux nouveaux et pleins de grandeur. La rivière était des plus animées. Des vaisseaux à vapeur à trois ponts, resplendissant comme le nôtre de blanc et d’or, montaient et descendaient ; d’autres navires remorquaient des flottilles de vingt à trente bateaux chargés de marchandises, venant de l’intérieur ou allant à New-York ; des centaines de barques à rames, à voiles, grandes et moyennes, volaient le long des rives escarpées comme de blanches colombes avec des rubans rouges flottant au cou. Sur le rivage brillaient une foule de maisons de campagne blanches et de petits enclos. Je remarquai une grande variété dans les constructions ; bon nombre étaient de style gothique, d’autres ressemblaient à des temples grecs ; — et pourquoi pas ? Le foyer domestique doit être un temple aussi bien qu’une habitation, qu’un magasin. Dans notre vieux Nord, l’emplacement où s’élevait le foyer était un lieu sacré, les dieux lares y avaient leur place. Je vis aussi des villages, des églises, toutes sortes de constructions sur le rivage, le blanc dominait ; beaucoup de maisons cependant avaient une douce teinte grise ou sépia. Dans la dernière partie du voyage, les nuées descendirent sur nous et nous eûmes de la pluie ; mais, avec la gracieuse Anne Lynch et M. Downing pour compagnons, il

  1. En Suède. (Trad.)