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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/370

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LA VIE DE FAMILLE

protégez nos petites familles. » Oglethorpe accueillit amicalement cette demande. Ce fut le 1er février que la nouvelle colonie établit son camp le long de la rivière ; Oglethorpe dressa sa tente sous quatre grands pins et n’eut pas d’autre demeure pendant une année. C’est dans cette belle contrée que fut fondée Savannah, à l’endroit où elle existe aujourd’hui, avec ses rues régulières, ses grandes places, et l’on fraya à travers la forêt primitive la route qui conduit au vaste jardin qui devait devenir plus tard la pépinière des arbres fruitiers de l’Europe et de l’Amérique. Ainsi commença la colonie de la Géorgie ; dès son enfance elle fut un « lieu de refuge pour les opprimés de la Grande-Bretagne et de l’Europe. »

La renommée en parla dans le Vieux-Monde, et les frères moraves, persécutés dans leur patrie, prêtèrent l’oreille aux propositions de l’Angleterre ; elle leur offrait des terres en Géorgie pour eux et leurs enfants gratuitement pendant dix ans, ainsi que leur entretien pendant une année, les droits et priviléges des citoyens anglais.

Pourvus de bibles, de livres de psaumes, d’une voiture pour les vieillards et les petits enfants, les frères moraves se mirent en route, en priant et chantant des hymnes, à la fin d’octobre 1733. Ils remontèrent le Rhin en bateau, entre les vignes et les ruines des châteaux, puis traversèrent l’Océan en hiver. Après avoir perdu la terre de vue, ils entonnèrent un chant d’actions de grâces. Quand la mer était calme et que le soleil se couchait avec splendeur, ils chantaient : « Que la création est belle et son Créateur magnifique ! » Si le vent était contraire, les frères priaient ; s’il tournait, ils rendaient grâces. Quand la tempête dans sa fureur empêchait de hisser les voiles, ils priaient et chantaient des psaumes pendant la tourmente ;