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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/372

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LA VIE DE FAMILLE

peur, dit Oglethorpe, et parlez librement. » Le chef montagnard répliqua : « Je parle toujours librement. Pourquoi aurais-je peur ? Ne suis-je pas avec des amis ? Je n’ai pas eu de crainte au milieu des ennemis. » Un chef chocta, appelé Soulier-Rouge, vint l’année suivante proposer une alliance de commerce : « Nous venons de loin, dit-il, et nous sommes une grande nation. Les Français construisent des forts contre nous. Pendant longtemps nous avons fait le commerce avec eux ; mais ils sont pauvres en fait de marchandises. Nous désirons commercer avec vous. »

La fidélité avec laquelle Oglethorpe se conformait à ses traités avec les Indiens, la noblesse de son extérieur et de son maintien, la douceur de son caractère, lui acquirent la confiance des Peaux-Rouges. La simplicité de leurs manières et de leurs mœurs lui plaisait ; il cherchait à éclairer leur raison, à leur faire connaître le Dieu qu’ils adoraient à leur insu. Oglethorpe fit des lois pour la Géorgie. L’une d’elles défendait l’introduction des boissons fortes, une autre l’introduction de l’esclavage ; « car, disait Oglethorpe, il est contraire à l’Évangile et à la loi fondamentale anglaise. Nous ne voulons pas d’une loi qui autorise un crime aussi horrible. » Lorsque plus tard diverses « sortes de gens comme il faut » de Savannah demandèrent à introduire les nègres esclaves, Oglethorpe refusa sévèrement, et déclara que, « si des esclaves noirs étaient amenés en Géorgie, il ne s’occuperait plus de la colonie. » Il persista avec une autorité un peu arbitraire dans ce refus, quoique plusieurs planteurs se disposassent à le quitter, parce que, suivant eux, le travail ne pouvait pas être fait par des blancs.

Oglethorpe continua activement et sans relâche à s’occuper de la Géorgie, étendant, fortifiant ses limites, fon-