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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/401

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

que où le Président des États-Unis avait fait un voyage dans différents États il avait nommé une partie de ces messieurs ses aides de camp pour la circonstance, en les appelant colonels. Mais ce titre si élevé pour un service si mince, et le faible pour les titres qui distingue une partie des républicains de l’Amérique, surtout ceux des États du Sud, ne me semblent guère en harmonie avec le but de cette société. Le vieil Adam en vieil uniforme revient encore.

Hier, je suis allée, seule, faire des voyages de découvertes dans les bois et dans les champs. Arrivée à une jolie petite maison située dans la forêt, j’ai vu à la porte une épaisse mulâtresse que j’ai prise pour la propriétaire. En demandant une gorgée d’eau, je suis entrée et me suis mise en conversation avec deux vieux époux, un nègre et sa femme, à qui cette habitation appartenait ainsi qu’un petit jardin. La mulâtresse était causante et me montra touts la maison ; son maître et celui de son mari l’avait fait construire pour eux et la leur avait donnée à vie. L’intérieur et le jardin rendaient témoignage de l’amour du vieux couple pour l’ordre et le bien-être.

Dans un autre endroit, en dehors de la forêt, j’ai vu auprès d’une petite habitation deux femmes blanches âgées, évidemment des sœurs, vêtues pauvrement et assises dans la cour à l’ombre d’un grand châtaignier. Je leur demandai la permission de m’asseoir à leur côté. Elles y consentirent, et nous fîmes connaissance ; puis elles me montrèrent leur maison, et je vis que leurs moyens d’existence étaient fort modestes. Ces deux sœurs avaient connu des jours meilleurs, mais la mort de leur père les avait plongées dans le besoin : elles vivaient maintenant du produit de leur petite propriété et de ce qu’elles gagnaient à faire des robes. La piété et le travail leur faisaient aimer la vie,