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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/405

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

voltiger autour des fleurs rouges, ou bien les busards perchés sur le toit et les cheminées, et étendant leurs grandes ailes au vent et au soleil (ce qui leur donne un air tout à fait pittoresque), et à parcourir l’État et la ville en esprit.

La Caroline du Sud a un caractère beaucoup plus aristocratique dans ses lois et dans sa vie de société que la Géorgie, et n’a pas l’élément de la liberté et de l’humanité pour base de son existence. Le Massachusett et la Virginie, ces vieilles ruches mères d’où sont sortis les essaims qui se sont répandus dans toutes les directions, ont envoyé également dans la Caroline du Sud les premiers cultivateurs qui l’ont défrichée. Les puritains et les cavaliers s’y sont rencontrés, mais uniquement dans un intérêt d’argent. Deux Anglais, lord Shaftesbury et John Locke, fondèrent ici une société aristocratique, et les nègres furent déclarés la propriété absolue de leurs maîtres. Cependant l’histoire ancienne de la Caroline a aussi un moment qui fait d’elle un membre de l’empire du Nouveau-Monde : c’est, à mes yeux, celui où elle donne un asile, un nouveau foyer aux enfants persécutés du vieux monde : et à tous les hommes poursuivis, opprimés ou frappés par le malheur, l’occasion de recommencer une vie nouvelle, d’espérer un développement plus heureux.

Le noble Coligny, en France, avait tourné pendant longtemps les yeux vers la Caroline du Sud, comme lieu de refuge pour les huguenots. Lorsque la persécution, éclata contre eux avec une cruauté sans limites, ceux qui purent fuir, se sauver, traverser l’Océan, vinrent ici ; la renommée parlait de cette contrée comme étant la plus belle partie de l’Amérique du Nord ; chaque mois de l’année y faisait épanouir des fleurs (ceci est parfaitement vrai).

« Nous quittâmes notre maison pendant la nuit, dit la