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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/412

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LA VIE DE FAMILLE

ont émancipé leurs esclaves. La loi rend ceci difficile ; mais, dans la Caroline également, la conscience publique commence à dépasser la loi ; les magistrats eux-mêmes y prêtent la main. En général, il n’est personne pour qui j’aie une plus grande estime et à qui je porte un plus grand intérêt, — vu la difficulté de sa position, — qu’à un bon et consciencieux propriétaire d’esclaves.

Mais j’en reste là ; l’institution de l’esclavage ravale les blancs encore plus que les noirs, et agit d’une manière nuisible sur leur développement, sur le sentiment du juste, et principalement sur l’éducation des enfants, en ne comprimant pas, chose si nécessaire dans les jeunes années, leur caractère naturellement violent. La moralité privée, comme la moralité publique, en souffre.

Je me suis arrêtée, je crois, à la fête qui devait être donnée par madame Howland. Elle a été fort jolie et agréable ; j’ai joué des danses suédoises ; on a bu, mangé, causé, — tout comme chez nous. J’ai vu, ce soir-là, l’un des littérateurs les plus renommés de la Caroline, poëte et auteur de romans, M. Simms. Il aime avec enthousiasme les scènes naturelles du Sud ; cela m’a réjoui ; mais nous n’avons pas été d’accord sur la grande question ; je m’y attendais. J’ai vu aussi un frère du jeune Miles, qui m’a dit, au sujet de la même question : « Le monde est contre nous, ses voix l’emporteront et nous condamneront sans avoir égard à ce que nous sommes et faisons en réalité pour nos serviteurs noirs. » Les esprits sont fortement tendus, l’amertume est grande dans ce moment entre le Sud et le Nord de l’Union. Bien des voix dans la Caroline demandent la séparation et la guerre.

Je suis allée aussi à une grande fête donnée par le gouverneur de la Caroline du Sud, M. et madame Akin. On y a