Aller au contenu

Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
LA VIE DE FAMILLE

saire de l’air que l’homme respire : quand, cachées comme la lune dans les nuages, ces pensées répandent la lumière sur le lac de la vie, dirigent notre course et y sèment l’espérance.

« Sur leurs tombes saintes, la terre, avec tous ses fidèles souvenirs, étend un voile de lierre ; la mer, libre dans la tempête comme dans le calme, répète leurs pensées ; l’éclair, la foudre, et tout ce qui connaît la liberté, ont des légendes qui les concernent à raconter aux hommes. Toute autre gloire est une étoile filante ; mais la nature éternelle veille sur la leur.

« On n’acquiert un pareil pouvoir que par l’amour des hommes. »

C’est ainsi que le Prométhée du Nouveau-Monde parle et console.

Caroline Downing vint ensuite avec son poëte favori, Bryant, le poëte de la nature. Mais son chant n’est pas moins ardent de patriotisme et de foi en l’avenir et la « grande mission » de l’Amérique. Dans son petit poëme épique « les Prairies, » il peint, comme les paroles le font rarement, les champs de l’Ouest dans toute leur beauté, leur grandeur solitaire éclairée par le soleil, l’herbe et les tapis de fleurs formant des vagues sous l’influence du vent, au-dessus d’eux le nuage errant, et plus haut encore l’astre du jour contemplant cette vaste scène, brillante et riche comme le paradis, quoique silencieuse et solitaire comme le désert. Mais le silence est interrompu. Le poëte entend un faible bourdonnement. Qu’est-ce ? — Une abeille, qui voltige sur les champs de fleurs, en suce le miel. « L’abeille affairée » devient un prophète pour le poëte, et dans son bourdonnement, son activité sans bruit, il voit les races humaines futures et industrieuses s’étendre sur les prairies, les métamorphoser en un paradis nouveau où croissent des fleurs d’une espèce plus noble, les fleurs du bien-être et de la félicité humaine.

Enfin je me présentai avec les poésies de Waldo Émer-