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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/64

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LA VIE DE FAMILLE

uniquement pour me prier de considérer leur maison comme la mienne. Ils ont été si bien, et si sérieusement aimables avec moi ; leur bienveillance toute naturelle m’a paru si parfaitement exprimée par leur personne, que j’ai accepté avec plaisir l’offre qu’ils me faisaient de passer quelque temps chez eux avant d’aller dans d’autres familles, où j’ai promis aussi de passer une couple de jours. Parmi ces dernières se trouve mademoiselle Lynch. J’ai tout lieu de croire que je n’aurai aucun déboursé à faire pour ma nourriture dans ce pays si je continue à recevoir l’hospitalité dans les familles ; mais il ne faut pas y compter pourtant. D’un côté il en résulte des avantages et un grand intérêt, de l’autre ce genre de vie a ses fatigues.

M. et madame Spring, qui passent pour des socialistes et des abolitionistes, appartiennent au parti libéral du mouvement dans ce pays, et sont en général connus comme des gens remarquablement estimables et nobles de caractère. « Vous apprendrez d’eux, m’a dit M. Downing, ce qui distingue ce parti, et vous verrez probablement dans leur maison Henri William Channing, l’un de nos sous-professeurs et orateurs improvisateurs le plus en renom. Il vous fera faire la connaissance d’Émerson. »

Je ne saurais dire combien je m’estime heureuse d’avoir été, dès le commencement de mon séjour ici, en relation avec un homme aussi réfléchi et capable que Downing. Il est si aimable pour moi, si soigneux de me mettre à même de tirer tous les avantages possibles de mon voyage, de voir toutes choses, bonnes ou non, dans leur véritable jour ! Jamais il ne fait le pédagogue avec moi ; mais insensiblement, et comme par hasard, il me dit les noms des personnages qui agissent dans l’intérêt de l’avenir du Nouveau-Monde en suivant des directions différentes, et attire mon