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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/68

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LA VIE DE FAMILLE

raffiné de la vie, la possession d’une jolie maison et à l’intérieur toutes les jouissances de la civilisation.

Des coups de canon retentissent en se moment sur la rive opposée de l’Hudson, je vois de gros blocs de pierre lancés en l’air retomber dans l’eau qui bouillonne et écume. Ce sont des montagnes que l’ont fait sauter pour établir un chemin de fer le long de la rivière, la vapeur sur terre luttera avec la vapeur sur l’eau. On débarrasse la voie des montagnes qui l’obstruent, on en perce d’autres pour former des tunnels, on en crée dans l’eau pour servir de base an chemin, que l’on est obligé de faire passer sur la rivière en quelques endroits. Ces Américains ne doutent de rien ; ils ont une foi qui transporte les montagnes.

Maintenant arrivent des bateaux à vapeur qui tonnent sourdement comme la foudre dans les montagnes ; deux ou trois se pourchassent, on dirait de jolis météores. Une couple d’autres avancent lourdement eu soufflant, et traînent des flottes de bateaux plus ou moins grands. New-York va recevoir du beurre, du fromage, des bestiaux et beaucoup de choses apportées de l’intérieur, dont les villes et les campagnes recevront à leur tour du café, du thé, des vêtements de New-York, et de l’Europe par l’intermédiaire de cette cité commerçante. La petite ville de Newburgh occupe à elle seule deux ou trois bateaux à vapeur par son commerce des produits des campagnes environnantes. Quand on voit la foule et la magnificence des bateaux à vapeur qui sillonnent l’Hudson, on se figure difficilement que trente ans se sont écoulés depuis que Fulton a fait sa première expérience de la puissance de la vapeur au milieu de la méfiance générale. Il dit lui-même à cette occasion :

« Lorsque je fus sur le point de construire mon premier bateau à vapeur, le public de New-York me regarda faire