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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/77

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

gard reposait sur les mêmes objets que le mien, qu’il les comprenait, les jugeait à peu près comme moi, parce que nous nous comprenions. Une parole dite de temps à autre, une observation, nous ranimait. Que ce genre de sociabilité est agréable!

Du bateau à vapeur nous passâmes sur le chemin de fer de l’Hudson (le même qui est en construction en face de Newburgh). Nous volions avec la rapidité d’une flèche vers la villa de M. Hamilton, située sur une hauteur au bord de la rivière. Nous fûmes bientôt dans une jolie habitation et au centre d’une vie de famille charmante.

M. Hamilton est fils du général de ce nom, contemporain et ami de Washington, ainsi que l’un des grands hommes de la guerre de l’indépendance. Madame Hamilton est une femme d’un certain âge, encore jolie, aux douces manières maternelles; un fils et trois filles composent cette famille. Madame Skeyler, la fille mariée, — dont bien des bouches m’ont fait l’éloge, en la représentant comme une femme remarquable sous le rapport du cœur et de l’esprit, — m’a offert de visiter avec elle les écoles et autres établissements de bienfaisance de New-York. J’ai accepté avec reconnaissance. Les deux sœurs plus jeunes non mariées, Mary et Angélika, me semblent le type des deux caractères de femme que l’on trouve dans les romans de Cooper. Mary a de la vivacité, du feu, de l’énergie, des yeux bleus animés, de l’esprit, sa conversation est amusante; Angélika, douce et sereine, jolie, digne comme la madone, est à mes yeux (comme à ceux de bien d’autres) une personne des plus attrayantes. J’ai remarqué surtout le charme particulier de sa voix et de ses mouvements. Sans faire de questions, elle établit la conversation, même avec les étrangers, et l’entretient d’une manière fort agréable.