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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/79

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

cela lui arrivait dans les grands diners: je n’en suis pas surprise en vérité; cependant ce diner n’était pas de ceux qu’on appelle longs et ennuyeux. Irwing cherchait visiblement à entretenir la conversation d’une manière polie, agréable, at je fis de mon mieux, comme tu peux le penser; mais cela n’allait pas. Après le dîner, je lui demandai la permission de dessiner son profil, et afin qu’il ne s’endormît pas tout à fait, je priai Angélika de s’asseoir en face de lui et de lui parler. Elle réussit parfaitement. Irwing s’éveilla si bien, devint si causeur, il y eut parmi les fossettes de son visage un tel mouvement de sourires et de gaieté, qu’il y aurait de ma faute si je ne possédais pas le meilleur et le plus frappant portrait de cet écrivain universellement aimé. Je suis charmée de pouvoir le montrer à ses admirateurs en Suède. Irwing m’a invitée chez lui, ainsi que mes amis, pour le lendemain au soir. Comme nous avions choisi ce moment pour notre départ, nous lui demandâmes la permission d’aller le voir avant dîner. Dans la soirée, les nouveaux mariés de la maison revinrent d’un voyage. Le jeune époux, assis entre son père et sa mère, se partageait également entre eux, répondant avec joie et tendresse à leurs questions et à leurs marques d’amour.

Parmi les choses intéressantes que j’ai vues ici et dans plusieurs autres familles des bords de l’Hudson, je citerai les Oiseaux d’Amérique, par Audebon, véritable œuvre de génie. Non-seulement on y trouve les diverses espèces d’oiseaux de ce continent, mais on apprend à connaître leur caractère, leur vie, leur histoire, la manière dont ils construisent leurs nids et se nourrissent; leurs joies, leurs combats, les dangers auxquels ils sont exposés. Plusieurs de ces dessins me paraissent un peu excentriques