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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/120

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eût lieu sans bruit, sans éclat, d’abord parce qu’il lui paraissait injuste de faire peser sur eux un soupçon d’improbité, ensuite parce qu’ils appartenaient à la haute société d’Anvers et qu’il avait été très difficile de les rallier au régime impérial. Les poursuivre à outrance, c’était donner des armes à la malveillance. Le gouvernement impérial fut d’un autre avis. Sous prétexte d’éclaircir l’affaire, il ne fut pas fâché de se venger un peu des mécontents. M. d’Argenson s’étant refusé à tout ce qu’on exigeait de lui à ce sujet, la goutte d’eau fit déborder le vase, et, à sa grande satisfaction, il fut révoqué.

On sait ce qu’il en advint.

Les employés de l’octroi et les fonctionnaires municipaux, furent mis en cause pêle-mêle. L’opinion publique prit feu ; le jury acquitta à l’unanimité tous les accusés ; l’empereur, furieux, fit casser par le Sénat la déclaration du jury, et poursuivre les jurés eux-mêmes, acte de prépotence inouï, même sous son règne, mais qui rendu in extremis, c’est-à-dire la veille de sa chute, n’eut d’autre effet que de précipiter le soulèvement de la Belgique, et d’en ouvrir la porte aux alliés.

Pour en finir avec cette digression, je dirai tout