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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/126

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était sain, son discernement prompt et sûr. Bien qu’il eût à peine trente ans, il imposait au conseil des ponts et chaussées, composé de savants qui ne manquaient pas de bonne opinion d’eux-mêmes. Cette fois encore, la faveur du maître y concourait quelque peu, mais le respect était sincère ; jeunes et vieux, il tenait tous ses subordonnés à distance et répondait parfaitement au dessein, d’ailleurs très sage de l’empereur, de soumettre, dans les services spéciaux, la science appliquée au contrôle du bon sens général. Tout en laissant, dans les pures questions d’art, liberté aux hommes de l’art, il se réservait tout le reste ; transactions, marchés, rapports avec les autorités civiles, avec la propriété privée, etc., etc. ; il chargeait les auditeurs placés près de lui de préparer les travaux sur toutes ces questions mixtes, et de proposer les décisions.

Cela nous donnait une importance réelle, et, à tout prendre, bien méritée.

M. Molé, qui m’avait accueilli avec beaucoup de politesse et de grâce, ne tarda pas à me charger d’une mission délicate. Il existait un différend très vif et très prolongé entre le préfet du département de la Sarthe et l’ingénieur en chef appuyé de l’ingénieur ordinaire. L’un était vivement soutenu par