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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/156

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oreilles ; c’était un petit groupe d’insurgés qui tiraillait sur nous de l’autre bord.

Restait le travail.

Il n’était pas excessif, mais il n’avait rien d’attrayant.

Nous étions dans l’une des régions les moins maltraitées de l’Espagne, à quelque distance du théâtre de la guerre ; le territoire était placé sous un régime mixte, où les rigueurs de l’administration militaire étaient tempérées par le concours et le contrôle d’une administration civile ; dans le dessein occulte de le réunir à la France, nos chefs avaient pour instructions de le ménager. Le maréchal Bessières était froid sans être dur, et sévère sans être cruel ; M. Dudon, et nous tous ses auxiliaires, nous mettions notre point d’honneur à protéger, autant qu’il dépendait de nous, les habitants ; à leur assurer, autant qu’il dépendait de nous, les garanties inhérentes aux formes de l’administration française. Quelques efforts que nous fissions, néanmoins, il ne nous était guère possible d’échapper aux funestes nécessités de l’époque et du pays.

J’ouvre, au hasard, le registre des arrêtés rendus par le maréchal Bessières, du 11 avril, date