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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/164

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de Fuentes d’Onoro ; le nôtre nous revint, très mécontent de son collègue, qui ne l’était pas moins de lui.

Le maréchal Masséna ayant été rappelé, nous le vîmes repasser par Valladolid avec les débris de son état-major en triste équipage, et la triste concubine qu’il avait traînée à sa suite, dans toute la campagne. Il me parut bien vieux, bien cassé, et presque décrépit, quoiqu’il n’eut guère que soixante ans. C’était un spectacle misérable et ridicule.

J’estime, sans oser l’affirmer, que ce fut durant le peu de temps qui s’écoula entre le retour du maréchal Bessières et son départ pour la France, où il allait reprendre le commandement de la cavalerie de la garde, que nous vîmes arriver le roi Joseph ; ce prince avait obtenu du maître commun la permission d’assister au baptême du roi de Rome, et de plaider, par occasion, la cause de ses sujets ; je parle comme on parlait à cette époque.

On sait, en effet, qu’en ce temps-là, son thème, ou, si l’on veut sa marotte, était de prétendre qu’en Espagne, toutes les difficultés provenaient de la présence des troupes françaises, des exactions de leurs chefs, de la multiplicité et de la rigueur des