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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/199

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la guerre actuelle, en la supposant la plus heureuse, c’était l’érection du grand-duché de Varsovie en royaume nominal, avec une légère augmentation de territoire ; que, pour arracher à l’Autriche la Galicie, à la Prusse le peu qui lui restait du partage, à la Russie la Lithuanie, la Podolie, la Wolhynie, Kiew et le reste, pour établir ou rétablir, il n’importe, entre ces trois grands larrons, un vrai royaume de Pologne, leur ennemi naturel et perpétuel, et pour le maintenir, à leur barbe, il faudrait à l’empereur Napoléon plus d’années de guerre qu’il ne lui en restait à vivre. Qu’il posât une pierre d’attente, c’était déjà beaucoup, en le supposant victorieux, ce qui n’était pas certain, et généreux, ce qui l’était encore moins.

Comment bâtir, dès lors, et qui bâtirait sur cette pierre ?

Si l’empereur Napoléon, au faîte de sa gloire, n’y pouvait rien, à plus forte raison ses successeurs quels qu’ils fussent, bien moins encore les petits princes de l’Allemagne. La Saxe pouvait bien donner un roi au royaume de Pologne, quand ce royaume existait, mais refaire un royaume de Pologne à son profit, c’était folie d’y songer.

Il n’y avait donc, tout compte fait, qu’un des