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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/208

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̃lâchait le câble de l’autre bras ou des jambes, ou si les sangles venaient à casser, d’être précipité la tête la première. Je me suis souvent rappelé ceci, en lisant, dans l’Antiquaire, de Walter Scott, le récit de l’évasion d’Ocheltrie et de Lovel à travers les rochers, durant la tempête et, comme exemple de la puissance de l’imagination en pareil cas, je dois dire qu’en subissant plusieurs fois l’épreuve de la descente et de la montée que je viens d’indiquer, je n’éprouvai pas la moindre émotion, tandis qu’il m’est presque impossible de regarder en bas, d’un second ou d’un troisième étage, appuyé sur une fenêtre dont la balustrade s’élève à mi-corps.

Lorsqu’on est descendu dans l’intérieur de la mine, on la parcourt pendant des heures. C’est un labyrinthe de galeries percées à l’aventure, selon la direction des filons, et tellement obscures qu’on n’y peut cheminer qu’aux flambeaux ; on y peut faire plusieurs lieues sans revenir sur ses pas. De galerie en galerie, on descend, en définitive, jusqu’au bord d’un lac d’eau salée, assez étendu, et qu’on traverse en bateau, à la clarté des torches et au bruit des détonations de la poudre qui détache, à grand fracas, les prismes de sel, taillés, à grand’peine, dans la muraille. Rien ne peut mieux donner