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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/230

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dant près de vingt ans, de 1813 à 1833. Le département des affaires étrangères, ignorant peut-être qu’il était entre mes mains, ne l’a point réclamé.

C’était d’ailleurs, à cette époque, l’usage de laisser les agents diplomatiques maîtres de conserver, leur vie durant, les documents dont ils étaient dépositaires, virtute officii, sauf à le leur reprendre à leur mort, le département intervenant dans la succession, pour y saisir tels papiers que bon lui semblerait à titre de propriété de l’État. C’est ainsi, par exemple, que les Mémoires de Saint-Simon ont été confisqués sur sa famille, et sont demeurés enfouis pendant cent cinquante ans dans les archives des affaires étrangères, sous prétexte qu’il avait été ambassadeur en Espagne.

Devenu ministre des affaires étrangères, je résolus de mettre un terme à ce double abus. Je fis rendre une ordonnance qui prescrivait à tout agent diplomatique, sans en excepter le ministre lui-même, de faire remise à son successeur, en quittant son poste, de tous les papiers et documents relatifs à sa gestion, d’en dresser contradictoirement avec lui inventaire et procès-verbal, lequel procès-verbal signé des deux parties affranchissait l’agent révoqué ou démissionnaire de