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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/249

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taire intime de M. de Bassano. Il me dit naïvement que l’empereur ne voulait de paix qu’en maître, et après avoir vaincu tous ses ennemis.

S’il cédait une bicoque, ajouta mon interlocuteur, s’il rompait d’une semelle, il lui faudrait compter avec le Corps législatif.

Cette phrase me frappa.

Mon interlocuteur, que je connaissais bien, me la répéta plusieurs fois comme un écolier qui répète sa leçon. Il n’était pas homme à l’avoir trouvée tout seul. Il la tenait par conséquent de son patron, lequel de son côté était trop infatué pour que l’appréhension vînt de lui. C’était une appréhension tout impériale. M. de Caulaincourt, à qui j’en fis part à mon retour, n’en douta pas plus que moi.

Le peu qui nous restait de jours avant d’atteindre le terme fatal s’écoula rapidement en pourparlers inutiles. Ce fut pendant ce peu de jours que tout à coup nous vîmes arriver à Prague le duc d’Otrante, autrement dit Fouché, appelé par l’empereur de Paris à Dresde, afin sans doute de couper court à toute intrigue de sa part, puis envoyé de Dresde en Illyrie, pour y remplacer le duc d’Abrantès, devenu tout à fait fou. S’il y avait eu quelque chose