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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/291

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convient, une tête puissante et un cœur ardent. Je regrette de n’en pouvoir parler que sur le témoignage d’autrui.

Parmi les Français, les trois personnages considérables que je vis habituellement à cette époque, furent M. de Chateaubriand, M. de la Fayette et Benjamin Constant ; il serait impossible d’en indiquer trois qui fussent plus différents l’un de l’autre.

M. de Chateaubriand ne fréquentait pas alors le salon de madame de Staël. Je crois me rappeler que ce fut seulement en 1817, qu’il y vint habituellement mais nous le voyions souvent chez madame la duchesse de Duras, qui devint, plus tard, l’une de ses admiratrices passionnées. Madame de Duras demeurait alors rue de Grenelle, tout près de la rue de Bourgogne, et porte à porte avec madame de Staël. Elle lui ressemblait de taille et de figure, et ne négligeait aucun effort pour rendre cette ressemblance de plus en plus frappante. C’était une personne d’un esprit distingué et d’un noble caractère, mais dont l’existence a été malheureuse parce que sa position était fausse, même à ses propres yeux. Fille d’un conventionnel, M. de Kersaint, gentilhomme breton, républicain