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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/339

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Je pouvais éviter de prendre part au jugement. J’en avais plus qu’un prétexte. Il est de règle en justice, qu’un juge ne doit pas siéger dans une affaire déjà commencée. Mais il me répugnait de m’abriter sous ce prétexte, et je pris mon parti sans en parler à personne.

Le 4 décembre, je pris séance. J’entrai, à onze heures du matin, dans la chambre du conseil, déjà réunie. La chambre du conseil, c’est-à-dire le lieu où la Chambre délibérait, hors la présence du public ; c’était la galerie de tableaux. Je vois encore d’ici la position de chacun des membres à moi connus, et la place que je pris moi-même au dernier banc. Chose inconcevable si j’en étais requis, je prêterais serment en justice que le sujet de la délibération, c’était la question de savoir si l’on permettrait au maréchal Ney de plaider la capitulation de Paris. On sait que ce fut le tort, le grand tort, je dirai presque le crime de la Chambre des pairs, d’avoir, en ceci, fermé la bouche à l’accusé. J’entends M. Mole parler dans un sens, Lanjuinais et Porcher de Richebourg, en sens opposé ; cette séance a fait époque dans ma vie ; elle a fait époque dans la carrière et la destinée de la Chambre des pairs. Comment se peut-il que je me trompe ? Il le