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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/359

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pements de sa civilisation intérieure, de sa formation graduelle. C’est sur ce plan et dans ce but qu’a été conçue la grande histoire de Sismondi, histoire qu’il a conduite jusqu’au trentième volume et jusqu’au règne de Louis XV.

L’ouvrage, sans être à coup sûr exempt de reproches, est d’un mérite réel et considérable ; l’érudition en est saine, exacte et variée ; c’est un travail consciencieux ; je dis consciencieux plutôt que vrai ; car les premières parties se ressentent trop de l’animadversion qu’inspirait à l’auteur la maison de Bourbon et de l’indignation qu’excitait en lui l’état de la France, durant les premiers temps de la Restauration. Les Mérovingiens et les Carlovingiens en ont pâti plus que de raison ; et nous lui disions souvent, en plaisantant, qu’il punissait les enfants sur les pères jusqu’à la vingtième génération ; mais l’ouvrage et l’auteur ont beaucoup acquis avec les années : dans les derniers temps de sa vie, l’esprit de l’auteur était devenu plus impartial, plus étendu, plus modéré ; les derniers volumes de l’Histoire des Français sont bien meilleurs que les premiers, et le siècle de Louis XIV me paraît presque irréprochable. C’est dommage que le style en soit toujours un peu terne, un peu incorrect,