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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/371

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— Favre Bertrand, homme du monde, érudit philologue, qui consacrait une grande fortune à l’avancement des lettres et des arts dans son pays ; — enfin Constant Achard, surnommé le Chinois, et qui semblait avoir en effet contracté, dans ses voyages, une certaine ressemblance avec les habitants du Céleste Empire ; homme d’esprit et de sens, sous les dehors habituels du sarcasme et de l’enjouement.

Dumont tenait le premier rang. Engagé très jeune encore dans le ministère évangélique qu’il abandonna de bonne heure ; exilé de Genève, à la suite des troubles qui précédèrent, dans cette ville, la Révolution française ; transplanté à Pétersbourg où il ne résida que peu de temps ; appelé à voyager comme mentor de lord Lansdowne ; devenu plus tard avec d’autres Genevois, Clavière, Penchaud, etc., l’un des collaborateurs de Mirabeau ; auteur principal, ce dit-on, de la fameuse adresse au roi sur le renvoi des troupes ; retiré enfin en Angleterre, où il était resté jusqu’à la Restauration, et s’était acquis une réputation méritée comme ami de Romilly et traducteur de Bentham, Dumont n’était rentré dans sa patrie qu’à la Révolution qui lui rendit l’existence en l’enlevant à la France.