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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/392

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notamment à l’incident du fameux manuscrit de Sainte-Hélène, dont j’ai raconté ailleurs l’origine et la fortune. Elle donnait souvent à dîner. Ses enfants faisaient les honneurs de la table, et tenaient son salon le soir.

À l’approche de la belle saison, on la transporta de la maison qu’elle habitait rue Royale, dans une maison de la rue Neuve-des-Mathurins, où se trouvait un grand jardin. Cette nouvelle maison, je la connaissais bien ; c’était celle qu’habitait, plusieurs années auparavant, madame Gay. Ce jardin, je le connaissais bien, j’y avais passé des soirées qui se prolongeaient fort avant dans la nuit, avec nombre de gens de lettres, de gens d’esprit et une société fort mêlée et fort animée ; on y promenait maintenant l’auteur de Corinne, dans une chaise roulante, à demi assoupie, trop heureuse quand elle l’était tout à fait.

Le mal, un instant suspendu, reprit bientôt sa marche rapide ; la paralysie gagna des extrémités aux organes essentiels. Nous épuisâmes inutilement toutes les ressources médicales que possédait Paris, depuis le vieux Portal, ancien médecin de madame de Staël, jusqu’à Lerminier, élève de Corvisart, et médecin de l’empereur Napoléon durant la cam-