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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/398

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ouvrier, la porte murée du monument ; j’y entrai seul ; la chambre sépulcrale était vide ; au milieu la cuve de marbre noir, encore à moitié remplie d’esprit de vin. Les deux corps étaient étendus, l’un près de l’autre, et recouverts d’un manteau rouge. La tête de madame Necker s’était affaissée sous le manteau ; je ne vis point son visage ; le visage de M. Necker était à découvert et parfaitement conservé. Je ne confiai à personne la clef de l’enclos qui entourait le monument et préposai un homme sûr en sentinelle, pour éviter toute indiscrétion curieuse.

Les obsèques furent célébrées, avec recueillement et simplicité, le lendemain du jour où le cercueil avait franchi le seuil de Coppet ; toute la ville de Genève y assista. Le cortège s’arrêta à l’entrée de l’enclos. Il ne pénétra dans le monument que mon beau-frère et moi ; suivis de quatre hommes qui portaient le cercueil. Il fut déposé au pied de la cuve. Je fis mûrer de nouveau la porte d’entrée qui depuis n’a plus été rouverte. J’avais obtenu de ma femme qu’elle restât renfermée dans son appartement.

D’autres soins nous appelaient. Le mariage de madame de Staël et de M. de Rocca avait été célébré