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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/42

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un certain renom dans les arts, et dans les lettre, une véritable illustration ; mais les habitants de Broglie, qui se souviennent encore du grand-père et sa déconvenue, n’ont peut-être jamais entendu parler ni du fils ni du petit-fils ; et ce n’est pas merveille, puisqu’ils semblent ignorer, à quarante lieues de Paris, que leur modeste bourgade, a, de nos jours, vu naître Fresnel, l’une des gloires de la France et de la science. Qu’après cela, M. de Lamartine s’étonne, en rencontrant dans un couvent de Syrie une vieille Anglaise à moitié folle, d’être obligé de lui décliner son nom et de lui révéler son génie[1] !

Je ne restai que peu de jours à Broglie. C’était plutôt une prise de possession qu’un règlement d’affaires. J’étais trop jeune et mon précepteur trop étranger à ce genre d’occupations pour que nous eussions à nous en mêler. La gestion de la terre, à cette époque, était sinon officiellement, du moins officieusement confiée à M. Lemonnier, alors commissaire du gouvernement près l’administration cantonale, homme très honnête, très intelli-

  1. Depuis que mon père écrivait ces lignes, un monument a été élevé à Fresnel dans sa ville natale. L’inauguration a eu lieu au mois de septembre 1884. (Note de l’éditeur.)