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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/62

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en souveraine de la mode, madame de Chevreuse, destinée plus tard à payer de l’exil, et peut-être de la vie, l’indépendance de son langage et de sa conduite à l’égard du maître de l’Europe. Je fus présenté à M. de Talleyrand qui m’accueillit avec bienveillance et conduit par M. et madame de Jaucourt, les amis intimes de ma mère, chez madame de Laval, où se réunissaient, dans sa très petite maison de la rue Roquépine, toute l’ancienne société dont la direction se partageait entre M. de Talleyrand et M. de Narbonne. C’est là que j’ai connu M. de Narbonne, ami de mes parents, et dont l’affection a fait pendant un temps trop court l’honneur et le charme de ma vie.

Dans tout le cours de l’année 1806, je passai l’été en Belgique dans le château de Francvarey, près de Namur, chez M. de Croix, qui avait épousé l’une de mes cousines, mademoiselle de Vassé, et je fis, avec la famille de M. de Croix, un voyage en Hollande. M. de Croix y possédait de grandes propriétés, et ce fut pour moi l’occasion d’étudier un peu ce singulier pays. En traversant Anvers, j’y fis connaissance avec un homme qui a laissé, dans notre première Révolution, une réputation honorable, M. Malouet, alors préfet maritime, rallié à l’Empire