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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/69

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Je passais l’été aux Ormes, quelquefois chez mes sœurs, le plus souvent à Boussay chez madame de Menou ; je passais l’hiver à Paris ; j’allais dans le monde sans l’aimer beaucoup ; je lisais plus que je n’étudiais. Je pouvais dire comme le poète Bernard j’avais vingt ans, et j’avais fait ma tragédie ; j’en avais fait deux que j’ai de bonne heure jetées au feu, Dieu merci.

Ce fut vers ce temps que je fis connaissance avec deux hommes très distingués, dont l’un, beaucoup plus âgé que moi, m’a témoigné jusqu’à sa mort une affection sincère et l’autre, un peu plus jeune, est devenu mon ami et l’est resté, à travers toutes les vicissitudes de la carrière publique.

M. Desrenaudes, ancien grand vicaire de M. de Talleyrand, quand M. de Talleyrand était évêque d’Autun, le même qui servit la messe à la Fédération et qui depuis fut, avec Vicq d’Azyr, le principal auteur du grand rapport sur l’instruction publique présenté à l’Assemblée constituante était très dévoué à M. de Narbonne ; il me prit en vive amitié, et, comme il occupait dans l’Université une position éminente et très méritée, il me fit connaître plusieurs des membres de ce corps. C’est chez lui que je vis pour la première fois M. Ville-