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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/80

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bureau, il appelait l’affaire qu’il lui convenait de faire discuter.

Il écoutait patiemment et attentivement ; il interrogeait volontiers et souvent, principalement Regnault de Saint-Jean d’Angely, Defermon et Treilhard, mais surtout l’archichancelier ; quand la discussion avait duré quelque temps, il prenait la parole. Il parlait longtemps, sans beaucoup de suite dans les idées, très incorrectement, revenant, sans cesse, sur les mêmes tours de phrase, et, je dois l’avouer, en toute humilité, je n’ai jamais remarqué, dans son élocution décousue et souvent triviale, ces qualités éminentes dont il a fait preuve dans les mémoires dictés par lui aux généraux Bertrand et Montholon.

Ces mémoires restent, pour moi, une véritable énigme. S’il est un écrivain doué du talent qui s’y révèle, de cet ordre lumineux dans la distribution des idées, de cette clarté, de cette fermeté simple dans le langage, de ce ton d’autorité fier et naturel, de cette précision, enfin de cette correction dans l’habitude même du style, que cet écrivain-là se montre et se nomme.

Si, comme il n’y a pas lieu d’en douter, Napoléon est le véritable auteur des mémoires qui portent