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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/9

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ii
AVANT-PROPOS.

que, même après l’avoir lu, nul homme, au jour du jugement, n’aura le droit de dire à Dieu : Je fus meilleur que cet homme-là ; mais c’est chose dont il y a lieu de rougir à part soi, et non de faire étalage.

Quant aux Mémoires, pour peu qu’on ait mis la main aux affaires publiques, on ne peut guère, en écrivant les siens, ne pas écrire, à certain degré, ceux des autres ; on ne peut guère échapper à l’alternative ou d’offenser les vivants, ou de juger les morts sans les entendre. J’éviterai ce double écueil en ne faisant point de l’histoire, en me bornant à recueillir pour moi-même, pour les miens, tout au plus pour une étroite intimité, les souvenirs que m’a laissés une longue et laborieuse carrière. Homme public pendant plus de quarante ans, je n’ai jamais évité ni recherché la publicité ; homme privé, je n’ai plus rien désormais à démêler avec elle ; et si, contre toute attente, cet écrit devait tomber quelque jour en des mains auxquelles il n’est point destiné, je préviens d’avance