Page:Brontë - Un amant.djvu/120

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— Je vous répète que je ne veux pas écouter vos rêves, miss Catherine ; je vais aller me coucher, l’interrompis-je de nouveau.

Elle rit et me retint, car j’avais fait un mouvement pour me lever.

— Ce n’est rien, me dit-elle, je voulais seulement vous dire que le ciel ne m’avait pas paru être ma maison, et que je me brisais le cœur à pleurer pour revenir sur la terre, et que les anges en ont été si irrités qu’ils m’ont chassée du ciel et jetée sur la bruyère, tout en haut d’ici, et que je me suis éveillée en tressaillant de joie. Ceci suffira pour vous expliquer mon secret. Ce n’est pas plus mon affaire d’épouser Edgar Linton que d’aller dans le ciel, et, si le méchant homme d’ici n’avait pas mis Heathcliff dans un état si bas, je n’y aurais jamais songé. Ce serait me dégrader que d’épouser Heathcliff maintenant, de sorte qu’il ne saura jamais combien je l’aime, et cela non pas parce qu’il est beau, Nelly, mais parce qu’il est plus moi que moi-même. De quelque substance que soient faites nos âmes, la sienne et la mienne sont pareilles, et celle de Linton est aussi différente de la nôtre qu’un rayon de lune d’un éclair ou la glace du feu.

Avant que ce discours ne fût fini, je m’étais aperçue de la présence d’Heathcliff. Le bruit d’un léger mouvement m’avait fait tourner la tête, et je l’avais vu se lever de son banc et sortir sans bruit. Il avait écouté jusqu’au moment où il avait entendu Catherine dire qu’il serait dégradant pour elle de se marier avec lui, et à ce moment il était parti sans en entendre davantage. Ma compagne, assise à terre, n’avait pu remarquer ni sa présence, ni son départ ; mais moi je fis un mouvement et lui imposai silence.

— Pourquoi cela ? demanda-t-elle, regardant nerveusement autour d’elle.

— Voici Joseph qui arrive, prenant occasion du bruit