Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/457

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« M. Sympson et les ladies sont de retour, dit-elle, et sir Philippe Nunnely est avec eux.

— Comme vous avez tressailli et comme votre main tremble, Shirley ! dit Henry, lorsque la servante eut fermé les volets et fut partie. Mais je sais pourquoi ; ne le savez-vous pas, monsieur Moore ? Je connais les intentions de papa. C’est un petit homme fort laid, ce sir Philippe : je voudrais qu’il ne fût pas venu ; je voudrais que mes sœurs et tout le monde fussent demeurés à De Walden Hall pour dîner. Shirley eût fait une fois de plus le thé pour vous et pour moi, monsieur Moore, et nous aurions passé une heureuse soirée. »

Moore fermait son bureau et serrait son Bernardin de Saint-Pierre.

« C’était là votre plan, n’est-ce pas, mon garçon ?

— Ne l’approuvez-vous pas, monsieur ?

— Je n’approuve pas les utopies. Regardez la vie sous sa face de fer ; affrontez la réalité dans sa contenance d’airain. Faites le thé, Henry, je serai de retour dans une minute. »

Il quitta la chambre ; ainsi fit Shirley, par une autre porte.




CHAPITRE III.

Phœbé.


Shirley trouva probablement beaucoup d’agrément ce soir-là dans la société de sir Philippe Nunnely, car le lendemain matin elle se montra de fort agréable humeur.

« Qui veut faire une promenade avec moi ? dit-elle après le déjeuner. Isabelle et Gertrude, voulez-vous venir ? »

Une telle invitation de la part de Shirley à ses cousines était chose si rare, qu’elles hésitèrent avant d’accepter. Leur maman cependant manifestant son acquiescement au projet, elles mirent leurs chapeaux, et le trio se mit en route.

Il ne convenait guère à ces trois personnes de se trouver beaucoup ensemble : il était peu de ladies dont miss Keeldar aimât la société, et véritablement elle n’éprouvait de cordial plaisir avec aucune, à l’exception de mistress Pryor et de Ca-