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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

Confesseur de Philippe II roi d’Espagne, Arias Montanus avait été spécialement envoyé à Anvers par son maître, pour « diriger l’impression de la Bible et en corriger les épreuves ».

Un autre ouvrage de non moindre valeur, qui suffirait, à lui seul, à la réputation d’un homme, est le Thésaurus linguæ teutonicæ, auquel Plantin collabora activement ; telle était la valeur de ce dictionnaire que, malgré le temps, il est resté, aux pays où le néerlandais se parle plus particulièrement, le manuel de tous ceux qui étudient la langue et surtout celle du xvie siècle. — L’artisan principal de ce travail fut Cornelis van Kiel[1], ou Kiliaan, qui, de longues années, devait rester au service de l’imprimerie Plantin. Kiliaan était déjà, semble-t-il, correcteur dans une officine de Louvain lorsqu’en 1558, sur la demande de Plantin, il vint à Anvers ; il fut, d’abord, compositeur, puis contremaître. Les comptes de l’imprimerie signalent, seulement à la date du 24 juin 1565, l’accord aux termes duquel il lui sera payé « 4 florins pour chaque mois qu’il vaquerait à la correction pour certaines presses et compositeurs ». Kiliaan fut l’un des meilleurs parmi les lettrés qui travaillèrent à l’imprimerie ; son œuvre est considérable ; mais, il faut le dire, elle ne fut appréciée ni de Plantin lui-même ni de ses successeurs ; il fallut attendre jusqu’au xixe siècle pour que la plupart de ses travaux, et non des moins estimables, fussent mis au jour. Plus fidèle à la maison qui l’avait accueilli que nombre de ses collègues, Kiliaan corrigea jusqu’en 1607 chez Jean Morel, gendre et successeur de Plantin, des éditions qui furent aussi belles et aussi exactes que celles imprimées par Plantin lui-même.

Outre Arias Montanus et Kiliaan qui furent pour Plantin d’une aide si précieuse, il faut citer encore, au nombre des correcteurs qui tra-

    rations dernières du Concile de Trente ; et, en 1568, Philippe II, qui récemment l’avait nommé son chapelain, l’envoie à Anvers — où il devait séjourner sept années — pour surveiller chez Plantin l’impression de la Bible.

  1. Né vers 1528, à Duffel, petit village à trois lieues environ au sud d’Anvers. Son père s’appelait Abts ; on suppose que le nom de Kiel était celui de la paroisse à laquelle il appartenait et qui était voisine d’Anvers. En 1882, un monument élevé par la commune de Duffel à la mémoire de Kiel (Kiliaan) rappelait le souvenir du célèbre philologue, qui fut le premier correcteur de l’imprimerie Plantin. Les Allemands ayant renversé le modeste monument au cours de la guerre 1914-1918, une nouvelle statue fut inaugurée le 29 août 1920. — Au cours de cette étude, le lecteur rencontrera le nom de ce correcteur donné sous les différentes formes employées par les auteurs : Cornelis van Kiel, Kilien (Max Rooses et les références qu’il cite), Kiliaan (M. Sabbe).